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17 novembre 2012

A qui profite le crime?

batlet12Le procès sur l’assassinat de Combo a défrayé ces derniers temps la chronique sur la toile, les blogueurs ne sont pas demeurés indifférents face à la gravité de ce crime crapuleux. Le général  Salim Mohamed Amiri et ses présumés comparses sont acquittés et libres de leur mouvement. Le tribunal n’a pas pu mettre en relief un lien entre l’assassinat de Combo Ayouba et les présumés coupables,  les charges qui ont été retenues contre eux ont été insuffisantes, raison pour laquelle ces derniers ont été libérés au bénéfice du doute. La question que l’opinion se pose qui a donc  tué Combo n’a aucune réponse. Pour quel intérêt Combo  a été  liquidé ? Cette question reste jusqu’à preuve du contraire l’énigme du puzzle, personne  n’a jusqu’ici donné aucune réponse à cette  question.

Il faut souligner que dès le départ de l’enquête préliminaire,  diligentée par la direction nationale pour la sûreté  du territoire (DNST), celle-ci a été  orientée   vers une fausse piste. Est-ce que c’était exprès pour embrouiller la vraie piste dans l’esprit de  pouvoir  rapidement effacer les traces aussi tôt que possible ou bien les enquêteurs seraient dirigés vers une fausse piste sans se  rendre compte ? Les présumés coupables, lors de leur audition,  ont certes répété à plusieurs reprises des noms  qui ont été très proches de l’enquête, mais leur déclaration ne feraient pas  hâtivement de ces derniers les vrais coupables. Il faut qu’une autre enquête soit à nouveau ouverte pour affirmer ou infirmer cette allégation.

Il faut se rappeler que Combo était la seule personne de  confiance de Bob Denard avec qui ils entretenaient de bonnes relations. Tous les coups de ce dernier aux Comores, Combo était toujours informé et à ses côtés. Tout le monde sait également très bien que les sales affaires de la France aux Comores ont été exécutées par Bob Denard. Par ricochet, le lieutenant-colonel Combo Ayouba a, par l’interposition de Moustoifa Mhadjou,  servi la France avec loyauté pour déstabiliser le pays. D’aucuns se demandent s’il existerait un rapprochement entre les renseignements généraux de  la France  et l’assassinat de Combo ? Quel serait le lien entre les services de renseignements français avec ce meurtre ? Auraient-ils été au courant du complot ?   Pour quel intérêt ces derniers auraient-ils gagné avec l’assassinat de Combo ? C’est une affaire compliquée, un véritable goulot d’étranglement.  .

 Si nous analysons avec objectivité le trio Sambi, Salim et Combo ; lequel entre les trois aurait tellement besoin de la mort de l’un ou de l’autre? Tous les trois n’avaient à mon sens aucun intérêt substantiel à tirer de la mort de l’un d’entre eux. D’une manière générale Sambi n’avait aucun intérêt particulier à liquider physiquement  ni Combo ni Salim parce qu’il suffisait de signer un décret pour les relever de leurs fonctions respectives. J’estime que Sambi n’est pas dupe jusqu’à ce point alors qu’en vertu des pouvoirs que la constitution de l’Union des Comores lui a conférés, il avait le droit de les démettre de leurs fonctions sans avoir du sang entre ses mains. Il pourrait user de ses prérogatives constitutionnelles pour les mettre au placard et on n’en parlerait plus d’eux.

Il faut se rappeler aussi que Salim, quelques mois avant l’assassinat de Combo, avait déclaré que l’on veut lui assassiner sans avancer ni des noms ni le mobile du complot. Est-ce que Combo aurait été au courant de ce complot et qu’il aurait rapporté à Salim le projet d’assassinat de celui-ci raison pour laquelle il a été liquidé ?  C’est une piste plausible mais  le principal témoin est réduit au silence et personne n’accorderait  d’importance aux allégations de Salim.

Et si ce meurtre aurait été commandité par  Salim mais il a pu passer entre les mailles du filet de la justice car la chambre d’accusation n’avait pas pu établir  avec des preuves tangibles  sa  culpabilité ? C’est également une hypothèse plausible mais il faut le prouver. Et si Salim aurait planifié un projet de coup d’Etat pour déposer Sambi , dans un contexte politique marqué par la prolongation du mandat de Sambi or constitutionnellement son mandat prenait fin le 26 avril 2010,  et que Combo a déjoué le projet  raison pour laquelle il aurait été assassiné ?

Cette seconde hypothèse n’est pas du tout valable. Salim n’aurait aucun intérêt à faire un coup d’Etat pour  s’accaparer du  pouvoir juste en pleine expérimentation de la tournante. Il aurait heurté les foudres de la communauté internationale. A la limite, s’il avait déposé Sambi,  la communauté internationale  lui aurait  signifié d’organiser rapidement  des élections anticipées pour la tournante de Mohéli ; ce serait donc inutile pour lui de faire un coup d’Etat sans garder le pouvoir aussi longtemps  que possible.

Aucun stratège militaire ne ferait un coup d’Etat sans qu’il ait des garanties quelque part qu’il ne serait pas dérangé. Il faut qu’il ait un appui soit d’une puissance étrangère ou l’appui de la communauté international. Or le contexte Comorien à l’époque n’était pas favorable à déposer un président sortant qui  devrait passer le flambeau du pouvoir aux  mohéliens.

En réalité Salim n’avait aucun intérêt à  liquider Combo ni pour des raisons politiques ni pour des raisons de règlement de compté, étant donné qu’il n’a jamais eu à notre connaissance une guéguerre ou un conflit ouvert de quoi que ce soit entre ces deux personnes.

Il reste  maintenant le dernier  jeton  pour constituer le puzzle, il s’agit de Sambi. Nous tenons à  rappeler aussi que Sambi aurait été d’une manière ou d’une autre sur la ligne de mire. Il aurait été menacé de mort même s’il ne l’avait pas révélée. Je reste convaincu que Sambi n’aurait pas fait appel aux services libyens à l’insu de l’état-major  pour assurer sa sécurité personnelle s’il n’avait pas la trouille ; quelque part, il aurait senti le coup venir.  

Autre hypothèse, est-ce que Sambi aurait-il comptée sur les gardes libyens pour rester au pouvoir ? Ces derniers pourraient-ils résister à la puissance de feu de l’AND ? Sambi ne pourrait pas défier la communauté internationale à rester au pouvoir en s’appuyant sur une trentaine de Libyens. Il n’avait pas assez  de marges de manœuvre à torpiller les acquis de la réconciliation nationale. Au demeurant, Sambi n’avait aucun intérêt à rester au pouvoir sinon sa liquidation physique serait justifiable.

Il est évident que Sambi n’avait pas confiance à sa garde personnelle que l’Etat comorien a mise à sa disposition pour sa propre sécurité. Nous avons essayé de démontrer au passage que ni Salim ni Combo n’avait aucun intérêt à liquider l’ex- président pour s’emparer du pouvoir, et vice versa,  pour les raisons que nous avons évoquées ci-haut. Qui aurait donc intérêt que Sambi soit liquidé ?  Il me semblerait,  après recoupement des différentes hypothèses plausibles,  que  je suis  enfin arrivé à une petite partie de l’énigme : tous les trois auraient été dans l’œil du cyclone. Ils auraient finalement  le même commanditaire que celui qui a ordonné l’assassinat de Combo. Cette hypothèse devrait constituer une piste à explorer sans pour autant négliger les autres pistes qui se dégageraient au fur et à mesure que la nouvelle enquête demandée par le gouvernement avancerait.

Pourquoi ils auraient le même commanditaire ? Parce qu’ils auraient partagé  en commun une approche  militaire de régler la question du séparatisme anjouanais par les armes.  Il me semblerait que ce serait le mobile du crime qui a été à l’origine de la liquidation de Combo. Sambi  avait fait de la question du séparatisme son cheval de bataille, et que Salim et Combo ont été les officiers supérieurs de l’armée nationale qui ont commandé les opérations militaires sur le terrain lors du débarquement malgré l’opposition que tout le monde connaît de la France.

Celle-ci aurait essayé par tous les moyens de stopper le débarquement en manipulant l’Union africaine et tous azimuts, mais Sambi les a pris de court car il a déclaré à ses pairs, lors d’un sommet de l’Union africaine, qu’il va débarquer militairement à Anjouan pour libérer l’île aux mains des séparatistes. L’Union africaine  n’avait pas d’autres choix que de suivre les pas de Sambi. La seule chose que la France aurait  pu obtenir, c’est l’exfiltration de Mohamed Bacar vers Mayotte. D’ailleurs certaines langues avanceraient l’argument  selon lequel la fuite de l’ex-homme fort d’Anjouan aurait été négociée avec l’Union africaine et que ce serait les Soudanais qui lui auraient  laissé partir alors qu’ils avaient le contrôle du secteur à partir du quel ce dernier serait parti vers Mayotte.

Je reste  certes convaincu que je pourrais faire une analyse erronée, étant donné que je n’ai pas entre mes mains tous les éléments essentiels d’appréciation me permettant d’étayer mes hypothèses, mais c’est une ébauche d’analyse qui pourrait orienter les investigations vers d’autres zones qui ne sont pas encore explorées. Je suis également limité à aller en profondeur de l’analyse étant donné que je ne suis pas un professionnel en matière d’investigation mais un simple citoyen qui aimerait partager avec l’opinion publique une autre manière de voir les choses.

Ali Batlet

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