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22 décembre 2012

La fête de l'IPPTE

Je me souviens de cet après-midi du mois d'octobre 1989, alors que je regardais ma mère mijoter mon plat préféré, « Mhogo na fi », et que j'étais radio Comores. Ce jour là, le ministre des finances, M. Charif Said Ali, défendait devant le parlement comorien, la loi des finances 1990. Il a dit en substance : « notre pays a la chance d'être parmi les 5 pays les plus pauvres du monde etc... ». je n'en pouvais plus, et me suis mis à rire à très haute voix. Ma mère se demandait ce qui était arrivé subitement. Voilà que 23 ans après le pays fêtent à grands renforts de publicité, son admission dans le club très restreint des pays pauvres les plus endettés.
Dans un pays qui ne ressemble à aucun autre, cet événement a quant même le mérite d'être salué et c 'est d'autant que cet endettement n'est pas le fruit du hasard, mais n'a jamais été la volonté populaire.
Comment sommes-nous arrivés à ce niveau d'endettement ?

Tout a commencé au lendemain de l'indépendance. La route qui mène de Mitsamiouli à Bahani en passant par Mbeni a été commencé avant l'accession du pays à l'indépendance par le Fonds européen de développement. Les travaux sont suspendus, après l'accession du pays à l'indépendance. C'est alors que l'ambassadeur Mouigni Baraka, a négocié les premiers emprunts auprès du Fonds Kowétien pour parachever cette route. Un autre emprunt est négocié par Salim Himidi et signé par l'ambassadeur Abdou Bacar Boina de 10 milliards de francs comorien, par la Chine.

Après 1978, le Fonds Kowétien a accordé aussi au gouvernement comorien, un emprunt pour le rachat du dépôt des hydrocarbures de la société anglaise Shell et la construction du dépôt de Mutsamudu. Ainsi est née la société comorienne des hydrocarbures.

La construction des routes de Dembéni et de Mrémani sont financées par un crédit du Fonds Saoudien. Le montant total s'élevait de 7 milliards de FC. Cette dette a été graciée en 1997.

Vers 1985, un décret du président de la République, Ahamed Abdallah Abdérémane, a autorisé le ministre Mikidache Abdourrahim et Faysoil Abdou directeur général des Travaux publics, pour négocier un emprunt pour la construction du port de Mutsamudu. Le montant s'élevait à 40 milliards de FC auprès de la BAD au taux de 10%. De 1984 à 1989, le gouvernement a souscrit un emprunt auprès de la banque mondiale pour près de 15 milliards de FC destinés au CEFADER. Près de 5 milliards sont souscrits pour la création de la FADC, le projet « Education » et le projet « Santé ».

En 1997, le gouvernement comorien a renouvelé les crédits des projets « Education » et « Santé » et a souscrit un crédit FIDA qui a servi à la création des MECK.

Il est à noter qu'en 1994, lors de la dévaluation de KMF, la dette des Comores est multipliée par 1,5 pour passer 130 milliards.

Il est à noter que selon une enquête menée par l'Union européenne, confiée à l'ancien juge Jean Pierre, montre que les détournements des fonds aux Comores de 1978 à 2006 s'élèvent à 64 milliards de FC déposés au Niger, au Congo Brazzaville et différents pays européens.

Jamais, un pays digne de ce nom, ne fêterait un tel événement ; Mais dans la mesure où, ce sont les 15 cadres, protégés par la banque mondiale et le FMI, qui nous ont conduits à ce désastre économique, qui ont signé cet accord, il est donc tout à fait normal de fêter l'évènement pour faire oublier notre malheur. Ainsi donc, ils vont nous entrainer dans un nouvel endettement sans précédent, pour les trente prochaines années, sans que cela suscite la moindre précaution.

Mohamed Chanfiou Mohamed

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