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20 décembre 2012

SMS: GRIOT DES TEMPS MODERNES*

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Ayant davantage l’habitude des analyses sociopolitiques que des lauriers tressés envers des gouvernants, fut-il un a;mi, je ne vais point bouder ce plaisir, cette fois. D’autant qu’il s’agit d’une réussite personnelle qui s’apparente au succès d’un Etat souvent mis au banc des accusés. La culture nationale privilégie le culte des dithyrambes envers les morts sur la reconnaissance des mérites envers les vivants. Longtemps affublé de quolibets du genre “Monsieur budget de guerre“, l’actuel vice-président en charge des Finances, a toujours su qu’entre le nécessaire, le souhaitable et le possible, il convient souvent d’avaler des pilules amères.

Comme à son accoutumée, il aura le succès modeste, sachant d’expérience que l’opinion versatile a aussi la mémoire gommeuse et ne se souvient guère qu’il fut le concepteur du système “Cefader-Cader“ qui donna, en son temps, les lettres de noblesse à l’ingénierie agronomique que le gouvernement s’efforce aujourd’hui de restituer, après une trentaine d’années d’errance.

Ainsi, dans les affaires comme dans les couloirs, Mohamed Ali Soilihi a toujours eu la conviction chevillée qu’un micro-Etat pluri-insulaire comme le nôtre n’a d’autre alternative que la négociation ardue avec les institutions financières internationales pour espérer lever le lourd fardeau d’une dette insoutenable pour des générations successives habituées à l’art de vivre au-dessus des moyens réels. L’ayant vu à l’oeuvre pour “l’accouchement“ du statut dit de “post-conflit“ après être parvenu à mobiliser, presque par miracle, les 16 milliards de francs dus à la Bad, tout en s’efforçant d’obtenir de l’Ue le paiement de quatre mois d’arriérés de salaires des enseignants, afin d’éviter une année blanche à nos enfants, j’ai parfois senti en lui le sentiment de “l’artiste incompris” qui sait se taire, pour ne fixer le regard que par-delà l’horizon.

Même lorsqu’au lendemain de la signature du “programme de surveillance“, il se trouva débarqué du gouvernement, au grand étonnement du Fmi alors obligé de faire revenir sa délégation les jours suivants, pour une “explication de textes“ à haut niveau. C’est que l’intéressé connaît pertinemment le risque du tort d’avoir raison avant l’heure et contre la force injuste de la loi du nombre. C’est au fond, ce qui finira par le décider à solliciter l’onction du suffrage universel, pour conforter la légitimité de la technicité par celle de la popularité qui confère la durée.

Evidemment, comme tout autre, l’homme a son talon d’Achille et ses défauts de délégation et/ou d’intendance qui le font endosser les déboires des gouvernances successives sans chercher à capitaliser les performances, voire les gestuelles susceptibles de mettre en lumière ses préoccupations sociales et sociétales. Ils se traduisent notamment par des coups de pouce à un quotidien pris par les tenailles de la vie ou encore par des appuis conséquents à l’univers sportif, culturel ou cultuel, à des moments-clé.

Voire parfois envers des medias pas toujours objectifs. En somme, avec cette atteinte “haut les mains“ du point d’achèvement, impliquant une régularité effective des salaires, le peuple va probablement reconnaître enfin les qualités de cet infatigable qui sait combiner les divers atouts pour peser sur la balance d’une négociation. Et ce, sans solliciter aucune dérogation auprès des partenaires. Néanmoins, il n’ignore guère que c’est une chance historique d’avoir les encouragements, à la tête de l’Etat, d’un ancien vice-président, lui aussi, passé par la case du ministère des Finances et convaincu de l’impératif de la mise en oeuvre de ce “programme“ qui a déjà fait couler tant d’encre et de salive.

Ce succès est ainsi celui d’un binôme qui semble avoir appris à s’estimer voire à s’apprécier, ce qui n’était pas acquis d’avance et n’a pas toujours été le cas, entre le président et l’un de ses vice-présidents que l’exercice du pouvoir met aux devants de la scène. Espérons qu’il en soit toujours ainsi pour la viabilité de nos institutions. Le ministère des Finances doit, sans doute, mesurer tout autant l’impact de la continuité et des efforts à long terme, du fait que même si ce n’était pas dans sa vision politique de base, le chef de l’Etat précédent ne s’était globalement pas écarté des orientations fixées avec les partenaires internationaux, tout en apportant sa touche personnelle à l’instar de la très controversée “citoyenneté économique“ devenue bien pratique, une fois le processus mieux maîtrisé et recadré.

Comme quoi, le pays a plus à gagner à apprendre à rectifier le tir chaque fois que les nécessités l’imposent, sans devoir consacrer les énergies aux vaines querelles, où les égos et les intérêts particuliers l’emportent sur toute autre considération, malgré les milliers de jeunes diplômés, comme des exclus du système éducatif qui sillonnent nos rues. Enfin, il est à parier qu’autour de notre argentier, il s’en trouvera encore plus de gens pour ne songer qu’à 2016, rappelant que bien d’autres battent déjà campagne.

Toutefois, le plus rassurant, c’est qu’égal à lui-même et à en croire ses premières réactions, il évalue surtout les défis engendrés par ce couronnement de toute une carrière, sachant qu’il reste encore à convaincre nos partenaires des fonds arabes, du Fma, de la Bid et de la Badea, tout en appliquant scrupuleusement les remèdes préconisés par les institutions de Brettons Wood dont l’application va devoir se poursuivre, au moins, jusqu’en... décembre 2013.

Avec les risques de rechute du convalescent qui se laisserait aller, se croyant définitivement sorti d’affaires.

Soilih Mohamed Soilih

* Le titre est de Moroni Matin

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