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23 novembre 2012

Orange contre Orange: le grand perdant

La crise des déchets, ayant secoué ces derniers jours la capitale des Comores, a dans une large mesure pris une dimension politique dont la potée est à l’antipode de tout raisonnement rationnel, car le grand gagnant sur le plan politique n’est rien d’autre que le talentueux Boléro. En observant cette crise d’une manière minutieuse, on remarque   bien que les principaux protagonistes de premier plan sont tous issus du mouvement orange. Il s’agit de Fatahou Said, député des Comores, Mouigni Baraka, gouverneur de l’île de Ngazidja et Hamada Abdallah, Ministre de l’intérieur qui se distingue ces temps-ci de la doctrine « kikimania » en prenant ses distances. Ces trois personnalités auraient  joué séparément un rôle-clé  sur les événements ayant occasionné les échauffourées entre les forces de l’ordre et les habitants de Moroni. En scrutant d’une manière apaisée et dépassionnée la guéguerre qui entredéchire ses trois personnalités depuis qu’ils sont aux affaires, on comprend très bien que la crise des déchets n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder la vase.

Depuis que le mouvement orange est aux affaires, ces trois personnalités que  nous avons citées ci-haut se lançaient  des invectives dont nous autres citoyens lambda ignorons les tenants et les aboutissements. Le conflit qui mine ces trois personnalités se transpose à la moindre occasion à toutes les échelles. Oubliez-vous que le député Fatahou Said avait déclaré un jour que le ministre Hamada Abdallah veut lui faire la peau ? 

En toile de fond de cette crise, c’est en fait un conflit entre oranges contre Orange dont celui qui est sorti victorieux politiquement est le député Fatahou Said, car il a su prouver à Ikililou,  à Mouigni Baraka et au Ministre de l’intérieur qu’il a Moroni entre ses mains ; car lorsqu’il a été tabassé à mort le lendemain matin les événements ont pris une autre tournure, toute la crème de Moroni s’est solidarisée avec  leur enfant chéri.

Quant à Mouigni Baraka, il s’est enfoncé dans un merdier qu’il aurait pu régler sans  heurts. Il a été confié de gérer la question des déchets, mais il s’est recroquevillé une fois élu sur des considérations régionalistes voire même villageoises doublées d’une certaine bassesse d’esprit et d’imbécilités. Il n’a jamais été clair sur la question des déchets de la capitale. Le comble, lorsque la ville a décidé de fermer les deux marchés de Volo Volo et du petit marché, celui-ci a eu l’audace et la malignité d’arroser à coup d’espèces sonnantes et trébuchantes les dames du marché Volo Volo à résister à toute tentative de la notabilité de Moroni. Tout son stratagème a été dévoilé au grand jour, même le gouvernement de l’Union des Comores sait très bien maintenant que le gouverneur de l’île de Ngazidja a été à l’origine du boycott du site d’Itsoundzou pour des raisons purement mesquines et d’un autre âge. Il est maintenant à poils  le pauvre australopithèque, son masque a été finalement tombé. Tout le monde sait maintenant ses véritables petits calculs politiques. Il a oublié qu’il a été élu pour gérer la Grande-Comore, et non l’Itsandra seulement.

S’agissant du Ministre de l’intérieur, il aurait pu faire de la question des déchets de la capitale d’une pierre deux coups. Il aurait pu s’approprier  cette question en tant que natif de la ville et se solidariser avec la population de la capitale, ce qui aurait fait de lui un défenseur d’une cause noble, gage d’une véritable assise politique à Moroni,  et en même temps prendre le devant à la place de Boléro pour prouver au président de la République qu’il a réglé une crise tangible susceptible de mettre le régime en difficulté ;  ce qui aurait fort probablement lui porter une chance d’être reconduit au prochain gouvernement tant attendu par les gens du sérail. Dorénavant,  le gouverneur de l’île de Ngzidja,  le Ministre de l’intérieur et l’autre outsider, le député Janvier, se sont mis le doigt dans l’’œil au profit de Fatahou Said, député de Moroni nord.

Ce dernier a su,  malgré tout ce que l’on dit sur lui,  gagner la confiance des habitants de la ville en étant toujours à leurs côtés contre vents et marées. Il est le seul député des Comores qui s’imprègne d’une manière engagée des difficultés  auxquelles sont confrontés au jour le jour les habitants de sa circonscription, contrairement à son confrère de Moroni sud. Ce n’est pas par hasard si aujourd’hui  le député Fatahou Said a le vent en poupe. Il a doublement gagné à la fois sur le plan politique,  en tant que  défenseur des habitants de Moroni contre toute forme d’injustice et d’abus, et en même temps sur le plan coutumier et traditionnel en enterrant vivant le premier flic des Comores dans sa propre ville natale.

Nous avons appris avec consternation que le Ministre de l’intérieur aurait été banni et excommunié du groupe coutumier auquel il appartient sur le plan social par la ville de Moroni. C’est une pratique courante de la société traditionnelle  au cas où un membre de ladite société a commis un crime de lèse-social jusqu’à ce qu’il paye une sorte de dîme qui serait proportionnelle au délit commis. Mais la question que l’on se demande, est-ce que la ville de Moroni n’a-t- elle pas déplacé le débat de son cadre contextuel ? En d’autres termes, un ministre en exercice quelque soit ce qu’on lui reproche,  c’est au président de la République de prendre acte et en tirer les conséquences. Nous estimons que déplacer un débat qui relève du domaine de  la politique sur le terrain coutumier n’a pas sa raison d’être. Nous devrions faire, comme il se doit, la part des choses si nous souhaitons éclore une culture républicaine, débarrassée de toutes les tares de la société traditionnelle.

Par contre, je  reste convaincu que c’est tout le gouvernement et le gouvernorat de Ngazidja qui sont les premiers responsables de cet un nième crise des déchets ménagers, car à force de jouer avec de la boue, celle-ci finit par jaillir sur tout le corps d’après la sagesse comorienne. Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2006 jusqu’à maintenant se sont désengagés  de la question des déchets.

Le gouvernement actuel a fait fi de cette question jusqu’à ce que les habitants de Moroni s’insurgent d’une manière violente pour que ce dernier, grâce à l’initiative de Boléro, bouge son petit doigt pour éviter le pire.  Il faut noter également que le gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka et le Ministre de l’intérieur, Hamada Abdallah sont devenus les outsiders, n’en parlons pas du député Janvier, de  la nouvelle donne. Il y a actuellement, qu’on le veuille ou non, une recomposition naissante de leadership sur l’échiquier local. Il faut reconnaitre que les  hommes politiques issus de la ville de Moroni, en panne de popularité, voient mal certainement cette montée fulgurante de ce jeune député sorti de nulle part dont il a été la risée de tout le monde  il y a quelques mois. Mais ils doivent comprendre que le meilleur politicien  n'est pas celui qui est bradé de diplômes, mais plutôt celui qui sait saisir le ballon au rebond au bon moment.

En somme, il faut admettre que dans cette histoire c’est le mouvement orange qui est le grand perdant, car ses propres ténors procèdent à une automutilation de leur mouvement sans se rendre compte. Après tout c’est un mouvement qui n’obéit pas à aucune règle républicaine, mais plutôt un panier de crabes. Nous souhaiterions que la démonstration de force que la crème de Moroni a approuvée la dernière fois soit également démontrée sur la problématique du foncier, car s’il y avait véritablement un Etat responsable, la spoliation de nos terres aurait été stoppée.

A.B.

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