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18 novembre 2012

Question de l'île comorienne de Mayotte : « Nous autres comoriens avons mal joué l'affaire »

youssouf Moussal'occasion de la journée nationale Maore 2012, Youssouf Moussa revient sur les questions d'intégrité territoriale auxquelles font face les Comores. Ce leader du Front démocratique à Mayotte parle également de la situation dans l'île comorienne, occupée par la France. “Les problèmes sont tellement nombreux qu'on peut considérer qu'on a entamé un processus dont on ignore l'issu. Ce qui est évident est que l'adhésion à cette histoire de départementalisation est un leurre”, soutient Youssouf Moussa. 

 
Comme chaque année, vous avez fait le déplacement à Moroni pour célébrer la journée du 12 novembre avec les frères des trois îles. Que représente cette journée pour vous? 
 
C'est la célébration de la journée d'admission des Comores à l'Onu, une fête nationale comme une autre. Mais le plus important est qu'on tient à célébrer ce 12 novembre, l'intégrité territoriale des îles Comores. Montrer à tout le monde que Mayotte est comorienne et non une île française. C'est surtout cela qui, à mon avis, est important dans cette journée. 
 
Suite à cette domination française, la population qui se trouve dans les trois autres îles ignorerait la réalité de Mayotte. Que se passe-t-il au juste? 
 
Actuellement à Mayotte, il y a deux mouvements de population. D'une part, les Mahorais qui s'en vont à La Réunion ou en France et puis les blancs et ressortissants des autres îles qui viennent. Sur l'arrivée des blancs sur l'île, personne n'en parle et au fur et à mesure, on est en train de changer complètement la population de Mayotte, avec l'exode de Rwandais, Malgaches, Congolais... On transforme la population de Mayotte et on ne sait pas à quoi on va aboutir. A terme, on va avoir une île complètement différente. 
 
Quelles sont les conséquences de ces déplacements? 
 
La population n'est pas stable; les dernières statistiques de la préfecture montrent qu'il y a cinquante milles sans papiers à Mayotte. La France se trouve dans un véritable problème. Plus elle fait tout pour bloquer les gens et transformer l'image de Mayotte pour faire en sorte que l'île devienne un pays de créole, plus elle se heurte à cette population qui vient massivement. On expulse “Abou“ le matin et l'après-midi, il revient. Il serait mieux si la France s'aperçoive qu'empêcher les échanges entre les îles est impossible. Malgré les radars, les gens vont et viennent. C'est ça la réalité et empêcher les ressortissants des autres îles de venir est très grave. 
 
Qu'est ce qui fait que depuis ce temps, la question ne trouve pas de solution? A quel niveau se situe le problème? 
 
La France est déterminée à garder Mayotte contre vents et marées, car il faut voir dans quelles circonstances la France est venue à Mayotte. Premièrement, la France est dans cette île parce que le lagon permettait, à l'époque, d'abriter la marine de guerre de la France après avoir été évincée de Maurice. Deuxièmement, nous autres Comoriens avons mal joué l'affaire. Nous n'avons pas pu, ou nous n'avons pas su, au nom de la proclamation de l'indépendance, préserver l'intégrité territoriale du pays. Peut-être qu'à l'époque, beaucoup de nos dirigeants n'étaient pas convaincus de la nécessité de l'indépendance ou par le fait qu'il y avait plus de lutte entre les différents responsables qu'une détermination réelle pour acquérir l'indépendance en préservant nos frontières. 
 
37 ans après l'indépendance, comment se présente la question de l'intégrité territoriale à Mayotte? 
 
Aujourd'hui Mayotte est un département français! Du côté des élus mahorais, c'est définitif... tout va bien. Il n'y a plus de problème! Mayotte est française, maintenant ce qu'ils demandent à la France c'est de donner l'argent. La semaine dernière, il y eu de nombreux mouvement de grève qui demandent l'indexation des salaires et l'intégration au sein de la fonction publique française. 
 
En dehors des politiques, quelles sont les perceptions des Mahorais sur cette question? 
 
Du côté de la population, c'est toute une autre affaire... C'est seulement maintenant que les gens commencent à percevoir ce que c'est un département français. Là, les gens commencent à voir les difficultés; le clivage, qui a été latent entre la population et les dirigeants, sautent aux yeux. D'un côté, les gens qui ne savent plus quoi faire, de l'autre, les élus qui se battent pour intégrer la fonction publique d'Etat. Sommairement, voilà ce qu'on constate à Mayotte quand on y va d'emblée. Les problèmes sont tellement nombreux qu'on peut considérer qu'on a entamé un processus dont on ignore l'issu. Les gens ne savent pas ce que c'est l'institution départementale française. 
 
Y a-t-il des Mahorais qui adhèrent à la cause indépendantiste? 
 
On ne peut pas parler d'adhérent du moment où il n'y a pas d'organisation en tant que telle, mais notre première difficulté est qu'il est difficile pour un Mahorais de dire ce qu'il pense. Ce qui est évident est que l'adhésion à cette histoire de départementalisation est un leurre. Beaucoup de gens ont suivi cela car ils ne savent même pas ce qui les attend et qu'il n'y a pas de contre-courant. Les efforts des antis départementalistes sont pour que les gens puissent se faire une idée sur la vie qui les attend. 
 
Quelles sont les actions des nationalistes à Mayotte? 
 
Le Font démocratique avait réussi a créé une organisation à Mayotte. Nous nous sommes battus tant que nous pouvions contre la présence française. Au fur et à mesure, aussi bien à cause de ce qui se passe là-bas et ce qui se passe ici, les gens se sont lassés. Le gouvernement comorien et ses institutions ont complètement abandonné le problème de Mayotte. Les gens se sont dit pourquoi se fatiguer et ne pas faire avec ce qu'il y a sur place. De cette façon, nous avons perdus pied et perdu beaucoup de terrain. 
 
Le retour de Mayotte n'est-il plus défendu sur l'île occupée? 
 
Actuellement, il y des gens qui continuent à réclamer le retour de Mayotte. Mais ce sont des individus et non une organisation ni un mouvement. Nous essayons d'aller de l'avant en structurant les choses, mais c'est difficile surtout qu'on n'a aucun soutien. En face la France met beaucoup de moyen pour maintenir sa position. Propos recueillis par

 
Mariata Moussa
Source : alwatwan.net

 

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